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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/304

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Cette secte est travaillée d’affections vaporeuses ; maladie singuliérement commune en France depuis un demi-siecle ; maladie qui favorise tous les écarts de l’imagination, & lui donne une tendance vers ce qui tient du prodige & du surnaturel. Selon cette secte, l’homme est un être dégradé, le mal moral est son propre ouvrage ; il est sorti du centre de vérité ; Dieu par sa clémence le retient dans la circonférence, lorsqu’il auroit pu s’en éloigner à l’infini ; le cercle n’est que l’explosion du centre : c’est à l’homme de se rapprocher du centre par la tangente.

Pour pouvoir enfiler cette tangente, les sectateurs de ces idées creuses vivent dans la plus rigoureuse continence, jeûnent jusqu’à tomber dans le marasme, se procurent ainsi des rêves extatiques, & éloignent toutes impressions terrestres, afin de laisser à l’ame une liberté plus entiere & une communication plus facile avec le centre de vérité.

L’activité de l’esprit humain qui s’indigne de son ignorance ; cette ardeur de connoître