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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/32

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prendre le grade d’avocat & fait semblant d’étudier le droit ; on ne voit les professeurs que les jours où l’on porte l’argent des matricules. Les docteurs en droit se font un revenu honnête des prétendans aux charges de judicature. S’ils usoient de trop de sévérité, leurs marmites seroient à sec.

Les examens qu’on fait subir sont pour la forme : les argumens sont communiqués ; & il ne faut guere plus de science, a dit le marquis d’Argens, pour être conseiller au parlement que pour être fermier général.

Quand on a acheté des lettres d’avocat, on est censé docte. Plus de theses à soutenir. On se fait recevoir membre du tribunal que l’on a choisi. L’un plaide, l’autre s’assied pour l’entendre : l’argent fait toute la différence. Celui qui en a, juge ; tandis que celui qui n’en a pas assez pour s’asseoir sur les fleurs-de-lis, développe debout les matieres, cite les auteurs, use ses poumons & sa santé. Le juge tranquille & sommeillant à moitié, n’a d’autre peine que celle d’adopter le senti-