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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/341

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nuller, par sa prodigieuse distribution.

Regardez dans les rues combien de visages pâles & défaits, combien de poitrines délabrées, que de constitutions ruinées & décomposées !

C’est qu’il y a quelque chose de plus terrible que la maladie ; c’est cette foule de prétendus anti-vénériens internes, poisons destructeurs, plus pernicieux les uns que les autres, & scellés tous de privileges royaux.

L’empire du charlatanisme a sur-tout pour base la maladie vénérienne. Par-tout des annonces séduisantes remplissent nos mains ; on n’entend parler que de spécifiques décorés de belles épithetes ; on ne parle point de l’application du mercure ; on vous le fait avaler sous les jolis noms de dragées, syrop, élixir, tablettes, chocolat. Bientôt nous aurons la brioche ou la dariole anti-vénérienne. Que de duppes & de victimes ! Ainsi, malgré l’observation journaliere, qui constate que tous ces prétendus spécifiques tombent bientôt dans l’oubli & le mépris, on s’en sert.