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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/90

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plians… Que ne prodigue-t-on pas en faveur des pauvres !

À chaque offrande, quelque mince qu’elle soit, elle vous paie d’une révérence particuliere & faite avec grace. La beauté vous salue, sa bouche vous remercie, & votre charité est récompensée avant même que le ciel vous en tienne compte.

Bientôt elle traverse la nef, précédée d’un Suisse qui fait résonner la hallebarde. Plus la nef est remplie, plus son zele augmente. Le plus joli homme de sa connoissance lui donne la main ; elle se penche charitablement à droite & à gauche, & étend un bras d’albâtre pour atteindre à la main lente & paresseuse qui voudroit retenir l’aumône.

L’avare s’attendrit ; l’œil des assistans le détourne de l’autel pour dévorer ses charmes ; quand elle présente sa bourse ouverte, elle semble quêter des cœurs. Le plus insensible met encore quelque chose dans sa bourse ; le prêtre qui la suit, semble jouir de son triomphe : on ne lui laisse que la