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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/105

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CHAPITRE CCXXXIV.

Filles d’Opéra.


Largent coule pour des fêtes, pour des spectacles, pour les frivoles jouissances du luxe. L’opéra sur-tout est entretenu à grands frais, pour efféminer les courages, fondre les têtes fortes de la nation dans le creuset de la volupté, & les couler en mollesse.

On n’a rien épargné. L’art des enchanteresses prodigue ces molles postures qui jettent l’étincelle des desirs dans de jeunes organes. La hardiesse de leurs regards, qui devrait révolter, invite une folle jeunesse. On oublie que ces beautés sont à prix d’or, & qu’elles ont des rivales qui ne sont point vénales. On leur prête mille graces piquantes, parce qu’elles semblent pleines du dieu qu’elles célèbrent & qu’elles chantent ; & ce n’est que dans leurs bras qu’on se désabuse de leurs