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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/11

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toujours leurs plaintes & leurs murmures ; & les infortunés voulant conserver les débris de leur fortune, se sont tus, craignant que le monstre de la chicane ne vînt leur enlever ces foibles restes.

Tous ces praticiens ont entr’eux un genre de plaisanterie qui équivoque perpétuellement sur les mots de leur profession. Il n’y a rien de plus gothique & de plus maussade que les railleries des hommes d’affaires : mais pour être plates & grossieres, elles n’en sont pas moins inhumaines ; car ils plaisantent encore ceux qu’ils ont vexés & rongés.

Ce n’est pas que l’improbité soit attachée à la profession : quelques procureurs honnêtes ne présentent pas sans cesse la justice à leurs parties, pour ne leur en faire embrasser que l’ombre. Ils emploient leur habileté à sauver leurs cliens d’un dédale d’erreurs & d’un embrasement funeste. Plusieurs ennoblissent leur profession par la vertu qui les orne toutes ; ils servent de modele aux autres, & ils méritent l’estime la confiance du public :