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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/110

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déclament affreusement contre les filles, leurs rivales & leurs ennemies ; mais tantôt elles ont perdu au jeu, elles se plaignent tout bas d’être ruinées, & on leur prête secrétement de quoi n’être pas grondées de leurs maris, qu’elles savent craindre & non respecter.

L’homme qui veut les posséder, n’aura guere que la peine de changer leur navette, leur étui, leurs boîtes, parce que l’or ne sera point de plusieurs couleurs, & qu’il est indispensable que la mode à cet égard soit constamment suivie.

La mode autorise que ces femmes se montrent au bal, au Colisée, aux spectacles ; & qu’on ne dise pas en les rencontrant, c’est une telle, mais c’est madame une telle, à qui M.*** donne le bras. Malheur à qui voudroit en médire ! Tout le cercle des bonnes amies, qui, de proche en proche, se prolonge jusqu’à l’infini, prendroit feu ; & toutes les fois que le méditant se présenteroit quelque part, on auroit des migraines à son service ; il seroit regardé comme le perturbateur de tous les