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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/117

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remportent le prix de la bassesse ! Oui, il y a des êtres au-dessous de ces femmes de mauvaise vie ; & ces êtres sont certains hommes de police.

Une ordonnance de police fait défense aux marchands de louer à ces femmes, à prix d’argent, à la semaine ou à la journée, des robes, des pelisses, des mantelets & autres ajustemens ; ce qui prouve d’un côté l’extrême misere, & de l’autre l’usure effroyable que ces marchands ne rougissoient pas d’exercer sur ces créatures, qui n’ont ni meubles ni vêtemens, & qui sentent la nécessité de se parer, afin d’être payées à un plus haut prix ; car une pelisse se rend plus exigeante qu’un casaquin.

Toutes les semaines on en fait des enlevemens nocturnes avec une facilité qui, trop excessive, ne sauroit manquer de déplaire au spéculateur politique, malgré le mépris qu’inspire l’espece que l’on traite ainsi. Le spéculateur songera à la violation de l’asyle domestique dans les heures de la nuit, à la foiblesse