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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/187

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de vin. Il lit quelquefois à côté du cadavre, au lieu de l’office des morts, Tibulle ou la Pucelle : familiarisé avec le trépas, il veille indifféremment sous son étole la beauté qui n’est plus & le vieillard qui a terminé sa carriere ; le cierge funéraire ne l’attriste pas : tandis que le bénitier est au pied du lit, il tire sa bouteille cachée sous un coin du linceul, & il abrege en la vuidant, les longues heures de la nuit.

Avant les vingt-quatre heures le corps sera dépouillé, enveloppé d’un drap, cloué dans la bierre, & porté dans le trou.

Le lendemain on ne distinguera plus son cercueil ; quatre ou cinq nouveaux peseront sur le sien : c’est ce qu’on peut voir, puisqu’ils sont le plus souvent à découvert ; & l’œil, s’il en a le courage, a la permission de les compter. Le fossoyeur ne jetera de la terre dessus que quand cette pyramide de tombeaux aura la proportion requise ; ils ne seront en terre proprement dit, que quand il y en aura un nombre suffisant, & que