Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 210 )

marchands qui revendent en détail ce qu’ils ont déjà acheté en détail.

Ainsi le cordonnier, le maçon, le tailleur, le porte-faix, le journalier, &c. paient le vin, le bois, le beurre, le charbon, les œufs, &c. à un bien plus haut prix que le duc d’Orléans & le prince de Condé. Ce n’est point là assurément le chef-d’œuvre de la société. On ne songe point à diminuer ces abus qui empêchent le peuple d’être nourri. L’homme qui a trois millions de revenu, a les comestibles à bien meilleur marché. Le vin qu’il boit est excellent, & ne lui coûte pas plus cher que le vin que l’homme du peuple est obligé d’acheter au cabaret. Car il faut apprendre à l’étranger qu’à chaque repas l’homme du peuple achete sa chétive ration de vin, n’ayant le plus souvent ni cave, ni carafon, ni argent pour en avoir une petite provision. Au plus pauvre la besace. Plus on est indigent, plus l’indigence vous mine & vous ronge.

Le sel, par exemple, que l’on vend par