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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/280

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du, les tenailles rougies au feu & les quatre chevaux qui devoient écarteler l’assassin ; & nous nous croyons civilisés, policés ; & nous osons parler de nos loix, de nos mœurs ; tandis que, sans le cri éloquent des écrivains, nous n’aurions pas appris à rougir de ces atroces turpitudes. Que nous avons encore besoin d’être conduits à la sensibilité & à la raison !

Le patient, tant la coutume a d’empire, ne harangue jamais le public ; ce qu’il fait si souvent en Angleterre : il n’en obtiendroit pas la permission. Le général Lally paroissant vouloir parler au peuple, on lui mit un bâillon. Ainsi la forme du gouvernement se caractérise par-tout, & ne permet à personne d’élever la voix, même à sa derniere heure, & de haranguer un instant avant d’expirer.

Les colporteurs qui crient les sentences de mort, la médaille de cuivre sur l’estomac, font quelquefois retentir l’arrêt fatal jusqu’aux oreilles du supplicié ; cruauté impardonnable ! Ils appuient sur-tout fortement