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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/302

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veuille les colorer) offensent à la fois l’équité naturelle, les loix civiles, la saine politique, la religion & l’humanité. Il faut que l’on soit bien peu fécond en ressources & en moyens, pour dévouer à une mort lente tant d’infortunés, au lieu de savoir les employer, après leur avoir ôté leur liberté. Aucun pouvoir humain n’a le droit d’enfermer un mendiant, s’il ne lui offre sur-le-champ un genre d’occupation qui exerce ses bras, sans l’atterrer.

Ces oppressions condamnables & qui n’admettent aucune excuse, contristent l’ame la moins sensible, & l’on pourroit rapporter ici des faits capables d’affliger les cœurs les plus indifférens : mais il nous suffit d’avoir dénoncé ces horreurs trop bien constatées aux hommes équitables & puissans. Il est même impossible qu’elles ne prennent pas fin sous un gouvernement fort distrait, il est vrai, mais d’ailleurs doux & humain. Il sentira qu’on ne doit pas traiter ainsi les pauvres qui n’ont commis aucun crime ; & que ce n’étoit pas