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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/318

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a fait venir dans la capitale les gens de lettres, comme on y a fait venir les grands seigneurs, & par les mêmes motifs, pour les avoir sous la main. On les tient plus en respect de près que de loin.

L’écrivain qui veut être de l’académie, est contenu bien avant que d’y entrer ; sa plume mollit lorsqu’il songe qu’il lui faudra un jour l’agrément de cette cour, qui peut lui fermer la porte, malgré le suffrage unanime du corps. L’écrivain cherche à ne pas déplaire, à éviter du moins ce désagrément ; & la vérité n’a plus, sous son expression dénaturée, une physionomie vivante.

Quelques-uns même flattent par ambition, & préferent la faveur de la cour à l’estime publique.

L’académie françoise n’a de considération & ne peut en avoir qu’à Paris ; les épigrammes qu’on lui lance de toutes parts, contribuent même à la sauver de l’oubli.

Ce goût exclusif qu’elle s’arroge est d’ailleurs bien fait pour éveiller le ridicule. Tous