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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/321

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& les récompenses qui vont chercher de préférence les académiciens placés à la source des graces, achevent de jeter au milieu de la littérature un sujet de plainte & de discorde.

Les services que l’académie françoise a rendus à la langue sont foibles, pour ne pas dire nuls. La langue, sans ce corps, eût fait sans doute des progrès plus rapides & plus audacieux. Quoi de plus fatal que de l’avoir fixée au milieu de tant d’arts féconds en conceptions neuves ? Quoi de plus ridicule que ce ton dogmatique qu’elle prend quelquefois ? Tout en se moquant de la Sorbonne, ne va-t-elle pas citant de vieux mots & de vieilles autorités, comme des théologiens qui ergotent sur les bancs ?

Ce corps, composé d’ailleurs des bons écrivains de la nation, mais qui est loin de les renfermer tous, vaut beaucoup, mais individuellement ; rassemblés, ils subissent la fatale loi des corps : ils deviennent petits, n’ont plus que de petites idées, emploient