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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/337

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qui puisse s’élever au-dessus des nuages que forme l’intérêt personnel, & offrir les abus d’une coutume insidieuse. Enfin la liberté de la presse sera toujours la mesure de la liberté civile, & c’est une espece de thermometre pour connoître d’un coup-d’œil ce qu’un peuple a perdu ou gagné.

Si l’on adopte cet axiome, chaque jour nous perdons ; car chaque jour la presse est plus gênée.

Aussi les livres que l’on imprime aujourd’hui à Paris sont-ils pitoyables, lorsqu’ils roulent sur l’histoire, sur la politique, ou sur la morale des nations.

Lassiez penser & parler ; le public jugera, il saura même corriger les auteurs. Le plus sûr moyen pour épurer l’imprimerie, c’est de la rendre libre : l’obstacle irrite ; ce sont les prohibitions, les difficultés, qui enfantent les brochures dont on se plaint.

Si le despotisme pouvoit tuer la pensée dans son sanctuaire, & nous empêcher de faire voler le trait de nos idées dans l’ame de