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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/347

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ciers que je m’exécute incessamment, que je me marie, & que s’ils me fâchent, je resterai garçon.

On devroit presser davantage le débiteur ; il y en auroit moins ; car ce n’est pas le véritable nécessiteux qui emprunte, c’est le prodigue, le fou, l’insensé, le libertin, le dissipateur.

Le créancier est toujours maltraité par la loi : ce qui rend hardi le fripon, & ruine l’honnête homme. Il n’y a point assez de sévérité ; on élude si facilement la prison, les loix civiles sont si lâches, qu’elles n’inspirent plus le moindre effroi : la propriété en est blessée, & le commerce gêné. On voit naître une foule d’acheteurs intrépides, qui, prévoyant la mollesse des loix, s’assurent d’avance de ce qu’elles n’ont pas su conserver aux prêteurs.

Il faudroit imprimer une sorte d’infamie à tout débiteur infidele. N’est-il pas honteux de ne pas payer son tailleur, son traiteur, son tapissier & son boucher ? On paie bien