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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/38

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sur son trône. Le saltinbanque effronté a obtenu le privilege de duper le public ; il a payé ce privilege, qu’importe ensuite qu’il donne des gourdes au Parisien ? On le connoît si bonnace, qu’on sait d’avance qu’un faux merveilleux le transportera non moins que s’il étoit véritable.

Les salles des farceurs sont presque toujours remplies. On y joue des pieces obscenes ou détestables, parce qu’on leur interdit tout ouvrage qui auroit un peu de sel, d’esprit & de raison. Quoi, voilà un théatre tout dressé, un peuple tout assemblé, & l’on condamnera les auditeurs à n’entendre que des sottises, tandis que notre théatre si riche devroit être considéré comme un trésor national ! Et pourquoi appartiendroit-il exclusivement aux comédiens du roi ?

Quoi, Dugazon seroit l’héritier de Corneille ! Quoi, ces chefs-d’œuvres que tout l’or des souverains ne sauroit faire renaître, demeureroit en propre à une poignée de comédiens ! Quoi, ils n’appartiendroient pas