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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome III, 1782.djvu/48

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Il se forme plusieurs assemblées littéraires, dont les membres ne se croient pas inférieurs aux immortels ; ils lisent un jour de la semaine, les auditeurs applaudissent, & ceux qui sont applaudis sont aussi contens le soir de leur triomphe, qu’un académicien l’est lorsqu’on l’a claqué au Louvre pour ses vers ou pour sa prose.

La loge des Neuf sœurs renferme aussi des auteurs qui lisent leurs productions dans des fêtes brillantes, & dont la littérature fait le principal ornement ; & pourquoi n’y auroit-il que les académiciens qui eussent le droit de débiter leurs ouvrages & d’être applaudis ? ne faut-il pas donner une libre issue au consolant amour-propre de chaque écrivain, si heureux quand il se lit, quand il entend sa voix résonner dans un lieu peuplé ? L’équité (disons mieux) la compassion l’ordonne.

Un lecteur fameux eut une sorte de célébrité dans Paris, il y a huit à dix ans ; on en raffola, on se l’arracha. Il rendoit avec