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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/187

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deroit comme un perturbateur de la société, le poëte qui livreroit brutalement la guerre à tel ou tel individu. D’ailleurs on saisiroit difficilement la ressemblance.

Une comédie qui ne peut attaquer tous les vices en honneur, ni les ridicules ennoblis, devoit tomber nécessairement dans le style des conversations ; & c’est ce qui est arrivé. Elle aura de la finesse, de la grace : mais discrete & froide, elle manquera d’énergie ; elle n’osera parler ni du fourbe public qui va tête levée, ni du juge qui vend sa voix, ni du ministre inepte, ni du général battu, ni du présomptueux tombé dans ses propres pieges ; & tandis qu’au coin de toutes les cheminées on parle, on rit à leurs dépens, aucun Aristophane n’est assez hardi pour les faire monter sur le théatre.

Ayant à tracer des peintures vigoureuses sur des modeles récens, il lui est défendu de concilier l’intérêt des mœurs avec l’intérêt de son art ; il ne peut guere attaquer le vice qu’en peignant la vertu ; & au lieu de le traîner par les cheveux sur la scene, de montrer à