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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/21

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que le beau ? Ecoutez M. Pankouke. Il établit d’abord que le beau est immuable & le même pour toutes les nations. Cela vous étonne un peu, lecteur : vous verrez où il en veut venir. Il proscrit de sa pleine autorité le beau relatif, le beau arbitraire, comme n’existant pas. M. Pankouke a ses raisons particulieres : attendez. Après avoir décidé que le beau est fixe & immuable, il se demande qui en seront les juges. Il répond : ceux qui vivent dans une nation éclairée, ceux qui dans cette nation sont nés avec un goût sûr, qui se rapprochent le plus du centre du goût : or quel est ce centre où l’auteur vouloit nous conduire ? La société qui a le droit de prononcer sur le beau dans tous les genres. Et quelle est cette société ? Celle qui renferme les gens qui travaillent pour le premier journal de l’univers, avoué des gens de goût & des pensionnaires ; les gagistes, les collaborateurs faits pour parler du beau fixe, & qui en ont le thermometre. D’où il résulte évidemment que ce qui est beau immuablement, c’est ce