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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/265

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avoit sur les beaux-arts, sur les lettres, & sur tout ce qui est aujourd’hui de leur ressort. On citoit, dans le siecle dernier, le suffrage d’un homme de la cour, d’un prince ; & personne n’osoit contredire. Le coup-d’œil n’étoit pas alors aussi prompt, ni aussi formé ; il falloit s’en rapporter au jugement de la cour. La philosophie (voilà encore un de ses crimes) a étendu l’horizon ; & Versailles, qui ne forme qu’un point en ce genre, y est compris. Cette révolution dans les idées est bien nouvelle ; car lorsqu’on songe que l’opinion se joignoit au pouvoir, & qu’on réfléchit d’où émanoit l’opinion, ce que c’étoit, quant aux idées, que cette cour de Louis XIV ; les préjugés grossiers qui y dominoient ; ce qu’étoit la dévotion du tems ; ce que faisoient un prédicateur de Versailles, un directeur de conscience, un confesseur du roi ; quand on pense que Luxembourg accusé alloit faire une retraite chez le P. la Chaise : alors on observe avec étonnement, & sans oser le croire, l’incroyable différence d’un siecle à l’autre.