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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/6

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ma main, que, semblable au sage Fontenelle, je n’ouvrirois pas le petit doigt pour en laisser tomber une seule.

On se plaindra que les denrées nécessaires à la vie sont un peu cheres. Cela se peut ; mais je ne m’en apperçois pas. Après tout, il n’y a qu’à être sobre, frugal, tempérant. Faut-il songer à son estomac ?

Les plaisirs véritables ne sont-ils pas ceux de l’esprit ? Vous en conviendrez, M. le rigoriste. Eh bien, ceux-là sont à bon marché ! Que de jouissances diversifiées qu’on ne rencontre pas ailleurs même avec de l’or ! Paris est la ville du monde qui fournit le plus d’amusemens publics ; opéra, comédies, farces d’Audinot, farces de Nicolet, redoute Chinoise, colifée, vauxhall, bois de Boulogne, champs Élisées, Boulevards, cafés, maisons de jeu, & d’autres maisons plus plaisantes encore. Il faut que vous soyez bien né pour l’ennui, si vous ne vous amusez pas au milieu de ce tourbillon mouvant & rapide.

Vous faut-il pour cela beaucoup d’argent ?