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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/69

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geoise aimoit de bonne foi avant de sceller la foi promise devant le curé rustique ; & la Parisienne, recevant le riche anneau, jure, avant d’aimer, qu’elle aimera toujours.

Le festin du village offre la même différence. Où est le rire ingénu, la table dressée sur l’herbe, la joie de la parenté, le broc de vin toujours rempli, le veau entier dépecé & rôti ? Où sont les danses vives & les mouvemens vrais de l’alégresse ? Où les vieillards paroissent-ils en cheveux blancs, essuyant leurs yeux humides de larmes de tendresse ? Où lit-on l’attente du plaisir dans les regards furtifs de la jeune mariée ? Où l’époux paroît-il pétulant & impatient de voir luire l’étoile du soir ? Où le lendemain l’épouse un peu pâle paroît-elle confuse & heureuse, étonnée & triomphante ? Ce n’est point à la ville.

Une assemblée de parens à moitié divisés, qui ne se sont pas vus depuis long-tems, qui ne se reverront guere passé ce jour cérémonieux ; des vieillards qui dissi-