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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/90

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nous. Car nos loix si imparfaites préviennent-elles la confusion des rangs ? répriment-elles les extravagances du luxe, qui ruine les fortunes médiocres ? empêchent-elles les banqueroutes ? arrêtent-elles la débauche qui va le front levé ?

On a créé des censeurs pour les livres : ces censeurs proscrivent tout ce qui peche contre la décence, tout ce qui contredit les loix de l’honnêteté, &c. Pourquoi n’y auroit-il pas des censeurs qui demanderoient compte à cette foule de désœuvrés, de l’emploi de leur tems, qui iroient au-devant des grands scandales, qui préviendroient les délits ? Nous ne savons que punir : un acte public de dépravation est-il donc moins dangereux qu’une phrase imprimée ?

S’amuser, terme à Paris synonyme à celui de se ruiner. Nos danseuses sont entretenues par des jeunes gens qui n’ont aucun frein, & dont l’exemple pervertit ceux qui sortent de l’adolescence. On n’oppose aucune barriere à ces désordres qui sont la perte des