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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/104

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les alcoves de leur lit. Un art voluptueux y fait jouer la lumière du jour à travers les taffetas de toutes couleurs. S’éveillent-ils ? les bustes vénérables des philosophes frappent leurs regards, & sont là pour relever la beauté des Vénus & des Dianes demi-nues.

Entrent bientôt tous les valets, qui viennent annoncer au maître les jouissances de sa journée, Chaque heure doit apporter une volupté nouvellement combinée. Jamais les anciens rois de l’Asie ne rassemblèrent autant de plaisirs dans Suze ou dans Ecbatane, que nos jeunes seigneurs dans Paris.

Eh bien ! c’est du sein de tant de voluptés que sortent les murmures contre la Providence. Ce sont les riches qui oublient tous les matins de remercier Dieu des biens qu’il leur a prodigués ; ce sont les riches qui blasphèment devant leurs valets, comme R⸻l dans un café, & qui placent dans leur bibliothèque ces ouvrages impies qui attaquent la divinité, & qui détruisent les espérances consolantes de l’humanité plaintive. Dans leurs propos superficiels & dan-