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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/141

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pagne, & me condamne à l’opéra, où Alcindor m’ennuie étrangement.

Tel berger, dans les Alpes, a trois habitations, une d’hiver, une de printemps & d’automne, & une d’été. Il déménage, selon les saisons, avec sa famille, ses meubles & ses troupeaux ; il a son Marly, son Compiègne, & son Fontainebleau ; il visite l’amphithéâtre des premières & secondes montagnes : le bétail, à chaque époque, connoît le jour du déplacement ; il monte ou descend sans le tromper.

Voilà de ces jouissances que le riche ne connoît pas à Paris. Tel financier, avec tout son or, n’a jamais éprouvé le charme que donne la respiration sur les hauteurs ; il ne connoît point l’extase des grandes vues : & qu’auroit-il besoin, sur ces hauteurs, des idées & des sentimens qu’on y éprouve ? au lieu de voyager, il se loge à Passy, & là, il se croit bonnement à la campagne.