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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/167

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avides de curiosités que le Parisien même, & font foule par-tout. Quand on a voulu mystifier les Parisiens, en leur annonçant un homme qui marcheroit sur la rivière, un autre qui creuseroit la terre à la manière des taupes, &c. on n’a leurré que les garçons de boutique & quelques mercenaires, qui s’attachent à tout ce qui peut les distraire un moment de leurs longs & ennuyeux travaux. Le moindre prétexte leur sert pour interrompre leurs occupations fatigantes. Le nombre des désœuvrés commence la foule, & la curiosité enfle le grouppe ; mais l’indifférence ne seroit-elle pas plus condamnable, quand il s’agit d’un accident, d’un homme blessé, d’une rixe meurtrière ?

L’habitant de Paris n’est donc jamais indifférent à ce qui se passe autour de lui. Il s’arrête sur son chemin au moindre objet nouveau. Qu’un homme lève les yeux en l’air, & regarde attentivement un objet quelconque, vous en verrez plusieurs s’arrêter aussi-tôt, & promener leurs regards du même côté, croyant fixer le même objet.