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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/199

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jette le cadavre ; le quatrième le ramasse, & le met dans le fiacre.

Celui qui comptoit reposer en paix dans sa bière, est arraché de sa sépulture ; c’est la passion de l’anatomie qui le transporte dans un grenier. Là, il est disséqué par des mains d’apprentis. Et pour cacher ces dépouilles à l’œil des voisins, ces jeunes anatomistes brûlent les ossemens. Ils se chauffent, pendant l’hiver, avec la graisse du mort : quelquefois ils sont sept à huit dans un lieu fort étroit, promenant, d’une manière hideuse, leur scalpel inexpérimenté. Des miasmes pestilentiels s’exhalent du cadavre ; & point d’année qu’il n’en coûte la vie à plusieurs de ces imprudens, qui osent tout braver.

Si quelque honnête homme s’égare par hasard dans l’escalier d’une de ces maisons, jugez de quelle surprise & de quelle horreur il doit être pénétré, lorsqu’entr’ouvrant une porte, il apperçoit cette scène dégoûtante. Il recule d’effroi, il fuit, il tombe ; les éclats de rire des jeunes chirurgiens ajoutent à sa terreur & à son indignation ; il