Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 222 )

m’échappai à travers la file, qui s’ouvrit devant moi. J’aurois pu alors frapper un de ces savetiers portant le fusil, & ma vie entière étoit empoisonnée par ce malheur. Le sergent que je terrassai fut blessé, & moi je souffris, de cette même chûte, pendant plus de deux années.

Selon l’édifice qui brûle, le peuple se porte de lui-même avec plus ou moins d’intérêt ; mais il est constant que ce n’est point le nombre d’individus, mais l’adresse des secours qui arrête le danger. Pourquoi donc troubler toute une ville, quand quelques pompiers suffisent ?

Lors de l’incendie de l’opéra, cette haute flamme, qui, au milieu de la nuit, léchoit les cieux, pour me servir de l’expression de Virgile, ces nuées d’étincelles de toutes couleurs, ces réverbérations scarlatines, illuminant les tours & les clochers de la ville, furent vues à plusieurs lieues de distance. Le peuple de la campagne, saisi d’effroi, regardoit ; mais lorsqu’il apprit le lendemain que c’étoit une salle de spectacle