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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/232

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Ordinairement la peine est inévitable ; mais en même temps elle est modérée. Il seroit facile d’inspirer au peuple du respect pour les cavaliers de maréchaussée ; il y est déjà disposé ; il sent confusément qu’ils entretiennent la tranquillité & le bon ordre.

Rien ne m’a plus touché que de voir quelquefois au milieu d’une assemblée populaire, d’une foire, d’une fête publique, ces paisibles soldats juger de petites rixes, les appaiser, parler aux mutins, prévenir les petites violences, protéger la foiblesse. Je me suis plu à les voir empêcher les écarts, & faire finir les disputes du peuple par une plaisanterie, qui, conforme au génie de la nation, rendoit le cours à la joie universelle.

Quand les peuples éclairés auront renoncé à cette extravagante & inutile fureur, qu’on appelle la guerre ; quand ils auront reconnu la démence d’exposer des êtres formés d’os, de chair & de sang, & de fibres sensibles, à des boulets de canon, ces peuples retiendront encore ces soldats protecteurs de nos