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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/256

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Là, des hommes en guenilles & en chemises trouées, ayant l’air des pâles enfans de la famine, sont couler des fleuves d’argent ; on croiroit voir les mines du Potosy mises en fusion par un volcan.

Au milieu des branches de ces métaux tentateurs, il faut que ces malheureux ouvriers résistent à la plus forte des tentations ; qu’ils manient incessamment l’or, & qu’aucune parcelle ne reste égarée entre leurs mains ; car la potence est là toute prête. Quel spectacle pour un avare que ces ramifications métalliques, qui offrent de tous côtés de véritables barres d’or & d’argent ! On marche sur les lingots sortis du creuset, & encore tout brûlans ; ils vont former ces pièces de monnoie, que chacun se dispute, depuis le monarque jusqu’au savetier.

Le monnoyage, qui couronne les autres travaux, est un des principaux laboratoires dans lequel sont placés neuf balanciers, qui, dans une action perpétuelle, étonnent par la rapidité avec laquelle on frappe les monnoies. C’est un pauvre diable à moitié nu,