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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/267

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endoctrine, & de connoître tous ses ouvrages par leur nom propre.

Les grands seigneurs cachent beaucoup mieux que les autres leur médiocrité & leur insuffisance ; voilà leur avantage. Mais tel qui s’intitule très-haut & très-puissant seigneur, & par-delà encore, n’a souvent d’autre littérature, (quoiqu’il parle de tout) que la Pucelle de Voltaire, ni d’autre morale que celle d’un Brochet.

Un jeune seigneur, amateur de livres licencieux, ayant vu, dans un catalogue, l’Anti-Lucrèce, crut que c’étoit un personnage très-opposé à la chaste épouse qui s’étoit poignardée dans l’ancienne Rome. Il fit acheter le livre, & fut fort surpris de n’y trouver rien de ce qu’il attendoit.

La mort règle les comptes du très-haut & très-puissant seigneur, dit Gordon, & montre que c’est un gueux tout nu, qui ne possède rien que la poussière qui remplit sa bouche. Ô mort éloquente ! quel est celui qui croit cela, jusqu’à ce que tu le lui dises ?