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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/295

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fois un air sale & indécent. Là, tous les courtauds de boutique, les maçons & les porte-faix vont se recruter en culottes, qui ont manifestement servi. Les neuves y sont de contrebande ; il y en a de toutes formes, de toutes couleurs & de toute vétusté, exposées aux chastes regards du soleil & des jolies femmes, soit anglaises, soit italiennes, soit espagnoles, qui ne peuvent admirer le péristile du louvre, sans voir en même temps ces échoppes si ridiculement ornées.

Un calife, (il s’appelloit je ne sais plus comment) vit un jour, des fenêtres de son palais, de vieilles hardes mal lavées, qu’on faisoit sécher au soleil sur des terrasses. Il fit jeter en moule quelques centaines de balles d’or, prit une arbalêtre, & s’amusa à percer ces pauvres habillemens, de manière qu’il donnoit au propriétaire de quoi en avoir de neufs. Ce trait m’a toujours plu.

Sur cette même place, une marchande de pommes, douée d’un grand caractère de