Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 298 )
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

entre chaque mot ; mais il arrive quelquefois que ces lettres arrangées en pages, viennent à se déjoindre, parce que les bois qui les tenoient en respect, se desséchant ou se dérangeant, occasionnent leur chûte. Alors elles forment, dans leur désordre, ce que l’on appelle un pâté : tout est brouillé ; & dès-lors les apprentis enlèvent les espaces qui séparent les mots, & arrangent les lettres indistinctement. Ce pâté, ainsi recomposé, forme un assemblage de lettres qui offrent un véritable chaos.

Un apprenti, un jour de fête, seul dans l’imprimerie, s’avisa, pour s’amuser, d’imprimer un exemplaire du pâté ; & puis examinant l’ouvrage indéchiffrable il lui vint dans l’idée d’en faire une affiche au coin d’une rue.

C’étoit dans un temps où les placards tenoient toute la police en mouvement. La multitude s’arrête, veut lire ; & ne pouvant y rien comprendre, s’attroupe pour deviner ce que cela pouvoit être. On invoque le Cicéron du quartier, qui y perd son latin.