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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/359

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de longs détours, forge de grands mots, s’environne d’un appareil imposant, ébranle les formes antiques, alarme tout un peuple ; pourquoi ? afin de renouveller l’argent dépensé pour des fantaisies, tableaux, diamans, riche orfévrerie, meubles, luxe de décoration, fêtes, équipages, jardins anglais, &c. : voilà les niaiseries, les misères pour lesquelles on tourmente l’espèce humaine.

Les fantaisies n’ont point de bornes ; ce sont des fantômes qui se multiplient comme les rayons colorés d’un prisme. La fortune des États ne suffit point à ces caprices innombrables & changeans. Les révolutions désastreuses, le déshonneur des empires & celui des gouvernemens, ont leur racine dans les fantaisies ; mais elles se punissent elles-mêmes ; car elles éloignent de l’ame insensée qui s’y livre les vraies & pures jouissances.

La manie des jardins anglais, cette caricature parisienne, qui veut représenter, dans quelques arpens, des beautés larges & vraiment originales, couvrant un vaste espace,