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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/363

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moins. Il ne faut donc pas être étonné si au lieu de douze millions, ce beau mur fiscal en coûte quarante. On en sera quitte pour reprendre cela, & nous paierons, utiles prisonniers, les œuvres de l’honnête geôlier M. Ledoux.

On fera circuler, à l’abri de ce rempart, des bataillons d’employés. La ferme générale auroit voulu enclorre l’Isle de France. Figurez-vous le bon Henri IV, voyant cette muraille !

Mais ce qui est révoltant pour tous les regards, c’est de voir les antres du fisc métamorphosés en palais à colonnes, qui sont de véritables forteresses. Des figures colossales accompagnent ces monumens. On en voit une du côté de Passy qui tient en main des chaînes, qu’elle offre à ceux qui arrivent ; c’est le génie fiscal personnifié sous ses véritables attributs. Ah ! monsieur Ledoux, vous êtes un terrible architecte !

Il n’y a eu qu’un cri contre cette muraille. Elle s’est achevée paisiblement, & déjà l’on perçoit aux nouvelles portes.