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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/367

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de bronze, que le maltôtier le plus intrépide ne peut franchir. Tout a ses bornes dans l’univers ; & la finance seule prétendroit qu’il n’en est point pour elle ? Elle aura beau invoquer la déesse du tapis verd & les mânes de l’abbé Terray, chiffrer, calculer, compter les grains de sel que peut manger un homme dans un jour, combien de verres de vin il doit ou ne doit pas boire, peser son industrie, examiner si ce canard étoit barboteur ou aéronaute, libre ou esclave, classer la canaille de nos vins avec le nectar de nos dieux terrestres, faire payer la bure de Surène, de Fontarabie ou de Vaugirard, autant que les brillantes étoffes de Malvoisie, &c. &c. &c. ; un jour la déesse, l’abbé, l’infatigable plume calculante, la balance, la jauge, la rouane, le génie second de la finance, l’avarice & la cupidité, tout cela sera en défaut ; & cet heureux tapis verra tarir la source de ces bénignes influences auxquelles il doit sa verdeur & sa fraîcheur éternelles.

Graces à ce bel esprit financier, on ne