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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/99

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choc fut vigoureux ; mais songeant à son camarade, ce brave athlète se replia, revint à son poste, quitta le domino, & le remit à un nouveau combattant, qui, comme le premier, se précipita sur le buffet, & en fit un ample dégarnissement. Il se retira, & fit place à un troisième, qui, sous le même domino jaune, imita ses deux prédécesseurs, & le céda à un quatrième champion, non moins armé de terribles mâchoires. Ils vinrent successivement, les uns après les autres, & se signalèrent tous à l’envi. L’air de cour aiguise fortement l’appétit ; mais les plus grands mangeurs ne sont pas encore les cent-suisses.

Un observateur, qui s’apperçut que le même domino mangeoit continuellement & ne se rassasioit jamais, crut que c’étoit le même personnage ; il fit remarquer ce phénomène de gloutonnerie aux assistans, qui furent trompés en voyant le domino jaune se lever quelques instans, & reparoître avec un appétit indomtable. Est-ce un chanoine, est-ce un poète qui mange ainsi, se deman-