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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/121

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que tous les quinze jours ; il coud des manchettes à dentelles sur une chemise sale, saupoudre son col au point qu’on en voit la marque sur son habit de velours. Voilà le Parisien en gros ; il paie le perruquier avant tout ; il lui faut un perruquier tous les jours ; mais la blanchisseuse ne paroît que tous les mois.

La pauvre fille fait de longues remontrances sur les chemises délabrées, qui vont tomber en loques sous les coups de battoir ; le maître des chemises trouées temporise, & en sa présence, revêt à crédit un habit de vingt pistoles ; il ne dépensera pas deux louis chez la lingere ; il remettra toujours cette dépense à l’année prochaine.

Le Parisien qui n’a pas dix mille livres de rente, n’a ordinairement ni draps de lit, ni serviettes, ni chemises ; mais il a une montre à répétition, des glaces, des bas de soie, des dentelles ; & quand il se marie, il faut qu’il fasse l’emplette totale du linge jusqu’aux torchons. Des ménages qui ne sont pas dans l’indigence,