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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/127

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change, comme on les marchande ; quand je songe aux destinées qui promenent de cabarets en cabarets ces grotesques portraits de souverains, au vent qui les balotte, aux épithetes dont le barbouilleur (ennemi né de l’orthographe) les décore, à leur dernier emploi enfin, qui est de guider les pas chancelans des ivrognes, il me prend envie de composer sur ces métamorphoses & sur ces vicissitudes de la royauté, un petit dialogue où ces augustes enseignes converseroient entr’elles à la porte des bouchons.

Si je ne le fais pas ici, du moins je le propose à quelqu’un de mes confreres. Quel plaisir d’entendre le roi de*** apostropher le roi de***, & lui dire : cousin ! si l’histoire nous peint comme nous a peints ce barbouilleur, hem ! — Eh bien, quel mal ? ainsi fait la gazette. — Mais si le vrai peintre survenoit, cousin ! serions-nous alors plus jolis ? — Oh ! la ressemblance exacte, qui la saura ? — Ne peut-on pas la deviner ? — Non, jamais. — Jamais ; vous croyez ? — Oui ? je le crois. —