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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/129

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chappe ; là est un hôtel dit garni où l’on veille pour loger à toute heure de nuit ceux qui ne peuvent plus rentrer chez eux. Les gens tenant cet hôtel ne vivent que d’un semblable casuel. Trente lits sont occupés chaque nuit par ceux qu’un oubli ou un retard a dépossédé de leur couche accoutumée. Mais, hélas ! comment dormir ? Des myriades de puces, de punaises, ont fondé, depuis le regne de Louis XIII, leur république dans les rideaux & les traversins de ces mal-faisantes couchettes. Au bout d’un quart-d’heure on crie, on appelle, on demande de la lumiere, on se releve tout stigmatisé.

Si le sommeil est plus fort que la piquure de ces insectes, la sonnette bruyante qui retentit pour chaque survenant, fait un carrillon qui vous éveille en sursaut ; puis les chiens, dont la maison est pleine, martyrisés par la même espece qui vous dévore, jappent ou sautent alternativement sur tous les meubles de la chambre.

Dormez-vous ? arrive une visite de police.