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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/132

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chit d’un pas lent ! On l’entraîne lui & le pont, & il est fort heureux quand les pieds des chevaux n’ont fait que l’arroser des jambes à la tête.

Celui qui passe sur ce pont a l’air de danser sur la corde, tant il est obligé de se tenir en équilibre. Il échoue quelquefois sur l’arc-boutant qui est un pavé irrégulier. S’il est habile & heureux, il en est quitte pour faire un grand saut & retomber sur un parasol voisin, qu’il creve au risque de se crever lui-même un œil.

On s’arrête malgré soi, on se met aux fenêtres lorsqu’on apperçoit arriver de loin des cheveux longs & des frisures éventées. Comment franchiront-ils la redoutable planche ? C’est presque le pont aigu dont parle Milton. La lutte de deux parasols inhabiles à ne pas se croiser comme il faut, survient quelquefois au milieu de la planche : alors les deux champions s’embrassent dans leur élan, tournent sur le talon & s’envoient réciproquement aux deux bouts opposés. Le maître