Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 159 )

lent & produisent alors cette clarté qui distingue les empires & les siecles. Il ne faut donc point prendre les bornes de notre entendement & la briéveté de notre vie, pour une conséquence juste de l’impossibilité qu’il y auroit à lier ensemble les arts & les sciences.

L’esprit d’un seul s’épuise & non l’esprit humain,

a dit un poëte, & ce vers sensé mérite d’être connu. Il faut parcourir, à ce qu’il paroît d’abord, la surface des sciences, avant d’en approfondir une seule : car jamais on n’en possédera une, même imparfaitement ; jamais on ne pourra tirer quelques fruits de ces connoissances, si l’on s’est borné à un seul point. C’est de l’étendue du coup-d’œil que jaillit la force pénétrante de la pensée. La morale est fondée sur la physique ; la physique dépend des mathématiques ; tout est soumis à la métaphysique, & tout doit se diriger vers la politique, c’est-à-dire, la perfection de la société.

Cependant l’espece entiere ne fait pas ce que fait tel individu à l’œil d’aigle ; le tems