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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/165

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dans une république, aux sujets d’un monarque ; des langues hardies, poétiques, audacieuses, à une langue que l’académie françoise a malheureusement fixée dans sa premiere enfance, & malgré ces obstacles, ces entraves, ces chaînes de toute espece (je ne parlerai pas du siecle de Louis XIV, où les auteurs étoient encouragés, protégés, pensionnés), je dirai que la fin seule du regne de Louis XV, dans l’espace de trente années, a produit des écrivains éclairés, sensibles, éloquens, vraiment patriotes, qui ont droit d’être comparés aux anciens : vérité qui ne sera sentie que lorsque les haines, l’esprit de parti & l’orgueil des hommes contemporains seront ensevelis avec eux ; alors la justice & l’impartialité prononceront.

On ne sauroit donc trop combattre la manie de ces hommes aveugles ou jaloux, qui ont pris à tâche dans tous les siecles, de louer prodigieusement les morts ; le tout pour contester aux vivans leurs succès, sans songer que ceux-ci deviendront anciens à leur tour.