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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/176

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fumée, qui déroboient la vue du carnage, se dissipent à mesure que l’air s’épure & s’éclaircit, on avoit vu les rangs pressés d’une armée brillante, on n’apperçoit plus que des hommes épars, mutilés, étendus çà & là sur une terre ensanglantée. Le tonnere des combats s’est tû ; on entend des cris & des gémissemens ; voyez-vous accourir de toutes parts sur ce théatre des fureurs insensées les consolateurs de l’humanité ? Ils s’avancent, ils entrent dans les rangs qui fument encore ; ils promenent leurs regards pour distinguer ceux qui respirent ; on dégage les mourans de dessous les corps morts, on les enleve ; on ne distingue plus l’ennemi du citoyen, tous sont hommes : la générosité active surpasse la rage meurtriere ; on les porte avec respect ; les enfans d’Esculape sont des dieux tutélaires qui arrachent au démon des combats le reste de ses victimes. L’état devra à leur zele la conservation de plusieurs de ses braves défenseurs : voyez comme ils se multiplient, comme ils donnent des ordres sûrs, précis,