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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/193

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te crois sous l’œil de la Providence. Je l’implore pour qu’elle te rende juste… Mais, quel mot ai-je prononcé ! Oui, juste. Tu ne dois pas être bon, sois juste. Tu dois savoir punir, pour ne pas être complice des désordres. Oui, pleure, enfant royal, pleure ! il faudra que tu punisses.

Et moi, sous mes tuiles entr’ouvertes, je remercie l’Être suprême de n’avoir pas reçu le fardeau qu’il t’a imposé. Je n’ai à combattre que la pauvreté ; & toi, tu auras à combattre l’adulation, le mensonge, l’orgueil, ta propre grandeur ! Quand je t’aurai payé le tribut, tu me devras le repos.

Pour que ton élévation ne soit pas dangereuse à toi-même ni aux autres, songe dans tout ce que tu signeras, (& que de papiers ne te fera-t-on pas signer !) songe à la nécessité que tout ce qui respire soit nourri ; car telle est la loi primitive, la loi antérieure à toute convention humaine. Si la misere étoit le partage d’une grande portion de ton peuple, ton diadême seroit déshonoré, & ton nom