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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/220

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à l’amphithéatre & dans les loges. C’étoit un vrai désespoir pour les spectateurs : on murmuroit tout haut, mais les femmes en rioient, & la politesse parisienne se contentoit de gronder, mais n’alloit point au-delà.

Il n’y eut qu’un seul homme, Suisse de nation & fort impatienté, qui, tirant une longue paire de ciseaux, fit mine dans une loge de vouloir couper l’excédent qui l’empêchoit de voir ; alors pour s’y soustraire, la dame fut obligée de se mettre derriere & de laisser passer à sa place l’homme qui y consentit très-bien. Ce n’est donc plus le tems où le parterre crioit place aux dames, & où l’on ne pouvoit être sûr d’avoir une place au spectacle tant qu’il pouvoit y arriver une femme, fût-elle douairiere ou borgne.

Autrefois l’on ne pouvoit voir ; aujourd’hui l’on ne sauroit entendre ; le caquet de ces mêmes femmes à panache ne discontinue pas pendant toute la piece. On entend sortir des petites loges des voix bruyantes, des éclats de rire ; c’est un babil qui oblige