Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 247 )

enfant postiche ; il a le dos tourné, le corps baissé, il semble vouloir ramasser à terre une pomme tombée de sa main ; vous passez & souffrant de son attitude, vous ramassez la pomme & la présentez à l’enfant. Aussi-tôt la canaille vous hue ; mais n’est-ce point là huer une bonne action ? Cela ne me semble pas indifférent.

Je ne sais ce qui se passoit aux bacchanales du peuple Romain ; personne n’a fait le tableau de Rome : mais dans aucune ville du monde ancien, on ne retrouvera, je crois, les amusemens vils & grossiers de la populace parisienne. Les vendeurs d’estampes n’affichent alors que des figures de garderobe, & les colporteurs qui vendent les billets de loterie, vous en offrent d’imprimés (je ne sais si c’est avec approbation) où il y a dessus : loterie d’étrons, gros lot, 100 000 liv. Signé, Gobe-tout. La populace fait vraiment pitié dans ces trois jours de carnaval ; tous ses divertissemens ont une empreinte de sottise & de vilenie qui rapproche leur goût de celui des pour-