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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/308

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le ruisseau, au bruit des carrosses qui passent & qui interrompent le zele & l’éloquence de l’orateur ; car la roue écraseroit tout comme un autre ce Démosthene nouveau.

Ce qui étonne le plus, c’est de voir de pauvres diables tout déguenillés se passionner pour une nouvelle récente, & s’en rassasier comme si c’étoit du pain.

Plusieurs se font aides-de-camp & servent à la correspondance des nouvelles qui circulent parmi ces groupes ardens à se nourrir de bavardage, & qui oublient l’heure du souper & leur famille, pour se livrer à la singuliere manie d’écouter & de dire des sottises en plein air.

La police ne leur conteste pas ce rare plaisir ; & c’en est un bien vif pour l’observateur, que d’examiner ces figures grotesques, & d’entendre les réflexions baroques qui enchérissent encore sur les préventions & les erreurs des gazettes les plus anti-anglicannes.