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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/334

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dans des bureaux vers les quatre heures du soir, & ce pour la visite de quantité de ballots qui ne les regardent pas. Il y a des bureaux où l’on vous tient la carrossée en plein minuit à la belle étoile, dans une cour venteuse, durant tout le tems de la décharge immense des marchandises ; & quand on se plaint, on vous répond que telle est la volonté du roi. Le commis insolent se moque du citoyen, en lui fermant la bouche avec ce grand mot, que d’ailleurs le ministre & le rat-de-cave mettent en France à toutes sauces.

On attele de maigres chevaux de poste, souvent écorchés, à cette machine monstrueuse, chargée de monde & surchargée de coffres & de valises. Il n’y avoit que des foux qui pussent imaginer de faire courir la poste à des voitures si lourdes ; mais les inventeurs se sont fort peu embarrassés de faire crever des chevaux & pâtir des hommes ; le gain, voilà ce qui a fait rouler la machine dans leur imagination, & puis il a fallu, bon gré mal gré, qu’elle roulât sur les chemins. Mais pour-